Le 16 novembre prochain, les trois dernières symphonies de Mozart seront à l’honneur à Amiens. Avec ces trois symphonies composées en moins de deux mois, sans commande spécifique, durant l’été 1788, Mozart atteint un degré de maîtrise absolue d’écriture musicale, qui aujourd’hui encore fascine et éblouit. Ces symphonies n’ont cessé au cours des siècles de susciter l’admiration des plus grands compositeurs, faisant dire à Richard Strauss à propos de la 41ème symphonie : « La Symphonie Jupiter de Wolfgang Amadeus Mozart est l’œuvre la plus belle que j’ai écoutée ». Johannes Brahms a, quant à lui, longtemps possédé le manuscrit de la 40ème symphonie.
Leur situation charnière, à la fois synthèse d’un classicisme en musique qui va disparaître et porte ouverte sur le premier romantisme (le deuxième mouvement de la 40ème semble tellement avoir été le modèle des grands mouvements lents des symphonies de Franz Schubert), fait d’elles une sorte de pierre angulaire de ce que nous appelons aujourd’hui le grand répertoire.
Pour le chef d’orchestre et théoricien, Nikolaus Harnoncourt, cette trilogie de symphonies constitue un « oratorio instrumental », un cycle de douze mouvements qui aurait pour prélude l’héroïque et majestueux premier mouvement de la 39ème et comme conclusion le solaire mouvement fugué de la 41ème. Elles mêlent toutes les influences que Mozart a glanées toute sa vie au fil de ses nombreux voyages, dont ceux à Paris (où il composa sa symphonie 31 du même nom), du style galant ou héroïque, du Sturm und Drang à l’influence récente de Bach, magistralement sublimée dans le contrepoint spectaculaire de la fugue finale de la 41ème symphonie.
C’est avec les musiciens du Cercle de l’Harmonie, fort de leurs connaissances intimes des opéras de Mozart, de sa musique religieuse (Messes et Requiem), de tous les autres genres symphoniques (concertos, sérénades), mais aussi de compositeurs moins connus qui ont contribué à forger son style (J.C Bach, Gretry) que je souhaite mettre en perspective « historique » ce qui constitue sans aucun doute le premier sommet de l’ère symphonique.