A l’exception de Robert Gleadow, qui reprend l’habit de Leporello, et de Steven Humes celui du Commandeur, la distribution pour cette nouvelle série de représentations de l’automne 2016 a été entièrement renouvelée. Il est avant tout important de disposer d’un plateau homogène permettant de mener à bien un travail précis, mais un chef est naturellement amené à adapter ses intentions et sa vision de l’œuvre aux personnalités et singularités des interprètes.
Le fait de retrouver ici la mise en scène de Stéphane Braunschweig m’assure d’évoluer dans un cadre qui respecte à la fois le théâtre et la musique et qui reste sensible aux éclairages qu’ils peuvent l’un ou l’autre suggérer. Ses idées sur la direction d’acteurs rejoignent parfaitement les miennes.
Si Leporello est un observateur privilégié à qui Stéphane confie ici un rôle particulier, Don Giovanni reste le meneur de l’action. On a peu d’informations sur la psychologie de Don Giovanni et c’est en fait la perception que l’on a de ses actions qui nous éclaire sur sa personnalité. Leporello, lui, n’est pas au centre de l’action mais Mozart et Stéphane lui ont donné, chacun à leur manière, une place privilégiée dans cette optique. Don Giovanni a besoin des autres pour exister et Leporello est le principal miroir de cet exercice narcissique. Tous deux ont une relation faite d’opposition, de dualité, mais il n’y a aucune fusion entre l’un et l’autre, d’aucune sorte.
Il n’y a pas de moments de contemplation, d’arrêt, de réflexion, de doute chez Don Giovanni. Il est dans un mouvement perpétuel, comme en « représentation permanente ». Sa fuite en avant est annoncée dès l’ouverture et la seconde scène lorsqu’il tue le Commandeur. Dès lors, il ne peut plus en être autrement pour lui et l’ouvrage s’articule autour de cette frénétique agitation de ce personnage que l’on sait condamné.