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CONCERT CLASSIC – JÉRÉMIE RHORER DIRIGE RIGOLETTO AU FESTIVAL BERLIOZ – UN VERDI HISTORIQUEMENT INFORMÉ

CONCERT CLASSIC – Thierry Geffrotin

« En plaçant sur la scène les 20 instrumentistes du Jeune Orchestre Européen Hector Berlioz-Isère et les 50 membres du Cercle de l’Harmonie, l’évidence s’impose à l’œil bien sûr, mais surtout aux oreilles. L’orchestre joue un rôle essentiel dans ce drame aux accents shakespeariens. C’est lui qui plante les décors, crée les atmosphères, dresse les portraits des protagonistes, suggère leurs états d’esprit successifs. L’orchestre est un acteur essentiel.

La direction attentive et précise de Jérémie Rhorer en témoigne. Ainsi, il revient au même orchestre d’annoncer le drame qui va se jouer dans le court et impressionnant prélude introductif, de s’esbaudir dans la banda populaire, de s’inquiéter et de souffrir avec Rigoletto, de se jouer des femmes avec le duc, de s’abandonner à un premier amour avec Gilda. Tous ces moments ont été traduits avec justesse et humanité par l’imposante phalange et son chef. L’interprétation sur instruments anciens donne une autre couleur et des timbres plus ronds. Le choix du diapason à 432 Hz (voulu par Verdi lui-même) est sans doute quant à lui peu sensible pour le public. Evidemment ce soin et cette réflexion menée par Jérémie Rhorer sont mis au service des chanteurs pour lesquels Verdi a écrit une partition d’une richesse inouïe. Car Rigoletto est bien plus qu’une « une succession de duos », selon la formule attribuée au compositeur lui-même, bien plus que deux airs fameux (« Caro nome » et « La donne è mobile ») qu’un chœur qui ne l’est pas moins (« Scorrendo uniti remota via ») et qu’un quatuor époustouflant (« Bella figlia dell’amore »). C’est surtout l’avènement d’une nouvelle écriture opératique, où la musique ne s’arrête jamais et qui ne ménage pas les chanteurs. A commencer par les prouesses vocales de Gilda et du duc.

[…] Le choix de Bruno Messina d’inviter Jérémie Rhorer s’est révélé judicieux et inspiré. Verdi chez Berlioz, rien de plus naturel finalement. Si le compositeur français ne portait pas dans son cœur le bel canto italien, il reconnaissait en Verdi « un galant homme, très fier, très inflexible… aussi éloigné du caractère railleur, bouffonnant, blaguant (assez sottement parfois) de Rossini, que de la souplesse couleuvrine de celui de Meyerbeer ». Le public de La Côté-Saint-André a lui aussi salué le génie du compositeur et des interprètes de ce Rigoletto par une ovation qui s’est prolongée pendant de longues minutes. »

Le Cercle de l'Harmonie