Comment définiriez-vous le son de l’orchestre ?

Il y a toute cette richesse que permettent les instruments d’époque : pour le violoncelle, les cordes en boyaux offrent une grande variété de couleurs et donc une plus vaste palette expressive. Mais le son du Cercle de l’Harmonie, c’est aussi l’énergie de Jérémie : il construit la matière sonore avec une puissance et une intensité particulières, quelque chose de terrestre et de solaire à la fois.

Un concert de la saison à venir que vous attendez particulièrement ?

Je pense à la Missa solemnis de Beethoven que j’ai déjà jouée il y a longtemps : c’est une œuvre magnifique mais aussi vrai défi instrumental pour tout le monde. Je suis véritablement impatiente de découvrir l’interprétation de Jérémie !

Comment se passe le travail avec le Cercle de l’Harmonie ?

A côté de mon travail avec le Philharmonique de Radio France, la pratique sur instrument d’époque apporte quelque chose de très différent : il faut trouver le bon instrument, s’ajuster au son des autres…  On partage tous cet esprit de collectionneurs, de passionnés du son ! Les timbales par exemple ont beaucoup évolué au fil du temps : l’orchestre investit pour que nous ayons le matériel adapté à chaque répertoire.

Qu’est-ce qui caractérise selon vous les musiciens de l’orchestre ?

Jérémie a pris le temps pour choisir des instrumentistes qui lui convenaient et qui ont tous un excellent niveau de jeu : cette qualité technique n’est pas toujours facile à obtenir pour un ensemble indépendant. Et puis, il y a cet esprit de musique de chambre : il faut savoir lever la tête, se regarder et se connecter aux autres.

Quel est l’esprit des actions pédagogiques et sociales de l’orchestre auxquelles vous participez ?

Pour moi, organiser des ateliers à l’hôpital ou dans des foyers d’accueil, c’est aussi une part de mon travail : il y a un grand investissement des musiciens dans ces actions qui, je crois, traduisent bien la conviction de Jérémie que la musique peut avoir un vrai impact sur nos vies. Nous avons beaucoup de chance de faire ce métier : c’est une autre manière de rendre ce que nous apporte la musique.

Des souvenirs de concerts qui vous reviennent en tête ?

Je pense aux opéras que j’ai pu faire avec Le Cercle : La Traviata, Le Barbier de Séville, La Flûte enchantée… Avec son sens de la psychologie mais aussi sa lecture très précise de la partition, Jérémie nous fait entrer dans l’histoire des personnages, dans leurs émotions et leurs conflits. Il exige que nous fassions corps avec la vérité du texte et ses gestes amples nous inspirent une véritable empathie avec ce qui se passe sur scène.

Comment se passe le travail avec Jérémie Rhorer ?

Jérémie a une très vaste connaissance du répertoire, de l’harmonie et du style.

Il sait aussi comment l’histoire de la musique s’est écrite, cela s’entend dans sa manière d’aborder Mendelssohn, Schumann ou Brahms : tous ces musiciens écrivent avec Mozart et les classiques en tête ! La vision de Jérémie redonne toute sa clarté à ce répertoire, il rend la structure plus lisible et fait parler cette musique avec naturel. 

Comment décririez-vous votre rôle de premier violon ?

Je fais le lien entre l’orchestre et le chef mais je n’ai pas tant besoin de parler, j’essaie plutôt de donner une direction avec mes gestes, de traduire le plus fidèlement les intentions musicales de Jérémie. Après avoir longtemps joué en quatuor et en musique de chambre, c’est une manière de communiquer que je connais bien et que j’essaie de partager avec les autres musiciens.

Cela fait près de 10 ans que vous jouez avec Le Cercle : quel regard portez-vous sur son évolution ?

À côté de Mozart et des classiques que nous rejouons régulièrement, l’ensemble explore aujourd’hui le répertoire romantique plus tardif : Bruckner, Verdi, Brahms… C’est un vrai défi technique : pour la période baroque et classique, nous utilisons des copies d’instruments qui fonctionnent bien, mais pour Bruckner par exemple, nous jouons sur des originaux qu’il faut réparer, tester. C’est une aventure, il y a toujours une part de risque !  

Comment décririez-vous l’atmosphère entre musiciens ?

C’est l’une des raisons qui nous fait revenir : il y a une vraie joie de se retrouver ! Nous avons appris à travailler ensemble, rapidement et efficacement, grâce à certains musiciens qui sont de véritables piliers de l’orchestre. La confiance s’est développée entre instrumentistes mais aussi avec Jérémie : c’est une véritable collaboration.