BEETHOVEN, DE FOUGUE ET DE FEU
Programme
Ludwig van Beethoven – Concerto pour piano n° 1
Ludwig van Beethoven – Symphonie n° 5
Distribution
Jérémie Rhorer, direction musicale
Mari Kodama, piano
Le Cercle de l’Harmonie
Concert enregistré et diffusé par Radio Classique.
La naissance d’un génie
A la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe siècle, un nouvel instrument s’impose dans la société bourgeoise, le piano. Nommé d’abord forte-piano ou piano-forte, ce nouvel instrument qui deviendra emblématique de la période romantique, permet, contrairement aux instruments à claviers à cordes pincées, d’accomplir musicalement des sons nuancés, des sons faibles (piano) et des sons forts (forte). Beethoven va souhaiter explorer toutes les nuances de l’instrument et traduire par les contrastes toute la sensibilité du courant dominant de la fin du XVIIIe siècle, le Sturm und Drang (« Tempête et Elan »), qui précède le mouvement Romantique. Beethoven ira même à indiquer, sur ses partitions dédiées au piano, de jouer « jusqu’à la rupture de l’instrument ».
Ce Premier Concerto pour piano, composé entre 1787 et 1795, est l’hériter de l’école Classique portée par Mozart et Haydn. Après plusieurs remaniements et plusieurs versions, notamment à Vienne puis à Prague, où le compositeur Tomásek avoue avoir été tellement bouleversé qu’il n’a pas pu toucher le piano pendant plusieurs jours, la première officielle a lieu le 2 avril 1800 sous les doigts de Beethoven lui-même. A l’aube du Romantisme, Beethoven apporte à ce genre musical faisant dialoguer soliste et orchestre une touche personnelle : un orchestre plus étoffé, la partie destinée au piano s’adapte aux améliorations de la facture de l’instrument (notamment l’usage de la pédale qui permet de tenir les sons), l’exploitation de la totalité du clavier… Par ses audaces, ses contrastes, l’énergie mélodique préfigure la sensibilité Romantique et les déchainements qui apparaitront huit ans plus tard dans la Cinquième Symphonie.
Un monument de la littérature symphonique
Peu sensible à la forme opératique (sa seule production d’envergure dans ce registre demeure Fidelio, dont l’écriture commence en 1804), Beethoven déploie dans ses symphonies une réelle intensité dramatique ; une sorte de narration musicale sans texte où dominent les contrastes et le souffle épique, lequel était déjà présent dans sa Troisième Symphonie, dite « Eroica » initialement composée en hommage à Napoléon Bonaparte que Beethoven voyait alors comme le libérateur des peuples avant de renoncer à sa dédicace lorsque ce dernier se fait couronner empereur.
Composée de quatre mouvements, la Cinquième Symphonie est en quelque sorte l’archétype du génie de Beethoven. Si la forme est héritière directe du classicisme, la fougue et le souffle la rattachent à l’esprit romantique. Dès le célébrissime premier mouvement Allegro con brio, et son motif initial de quatre notes, le ton est donné. La Cinquième Symphonie demeure aujourd’hui sans doute la plus célèbre symphonie de l’histoire de la musique.
(c) Lyodoh Kaneko